Quels sont les traitements recommandés pour traiter la dermatite atopique du chat ?

Dr Émilie VIDEMONT-DREVON (CHV Saint-Martin)

Dans un précédent article était résumé l’avis d’un groupe d’experts en dermatologie venant de passer au crible les différents articles, publiés entre 1950 et 2020, concernant le « syndrome félin de la peau atopique », nouveau terme consacré pour désigner l’équivalent de la dermatite atopique chez le chat.

Sont présentés ici, les recommandations issues du même groupe concernant son traitement.

Les deux traitements ayant fait la preuve de leur efficacité sont les corticoïdes et la ciclosporine.

Les corticoïdes sont, généralement, efficaces et agissent rapidement. La dose de prednisolone efficace est, le plus souvent, supérieure à celle utilisée chez le chien et les auteurs recommandent des doses supérieures à 1 mg/kg/j. Attention, toutefois aux effets secondaires de telles doses, notamment lors d’utilisation répétée ou prolongée. Même si le chat semble très bien tolérer les corticoïdes à court terme, les cas de diabète sucré, parfois irréversibles, voire de fragilité cutanée ne sont pas si rares. Pour limiter ces effets secondaires et même si la forme injectable est tentante chez de nombreux chats, il est préférable d’utiliser une forme orale, de façon à pouvoir réduire progressivement la dose et la fréquence d’administration et, ainsi, trouver la plus petite dose efficace.Les auteurs rappellent que la méthylprednisolone (1,4-1,5 mg/kg/j) et l’acétonide de triamcinolone (pas de forme orale ou injectable disponible en France) constituent une alternative à la prednisolone.

Une petite étude chez 10 chats a illustré l’intérêt de l’acéponate d’hydrocortisone topique dans cette espèce, efficace chez 7 d’entre eux. Même si le chat a la réputation d’être réfractaire aux traitements topiques, cela peut, toutefois, être possible et intéressant dans certains cas.

La ciclosporine semble être actuellement le traitement de choix. Elle dispose d’une AMM dans cette espèce pour cette indication depuis 2011. Elle est efficace, à la dose de 7 mg/kg une fois par jour, mais présente un délai d’action de quelques semaines. Une fois la dermatite atopique stabilisée, les prises peuvent être progressivement espacées. Plus de la moitié des chats sont contrôlés sur le long terme avec deux prises par semaine. Elle est bien tolérée, les principaux effets secondaires sont digestifs et sont, le plus souvent, temporaires en début de traitement. Les auteurs rappellent les données rassurantes quant au faible risque de réactivation d’une toxoplasmose ancienne chez les chats traités, celui-ci semblant être négligeable. Par contre, un chat séronégatif pour la toxoplasmose, ayant accès à l’extérieur et qui se contaminerait pour la première fois alors qu’il est traité tous les jours à pleine dose risque de développer une forme plus sévère. Le principal inconvénient de la ciclosporine à long terme est certainement lié à l’administration régulière de ce médicament, parfois très difficile chez certains chats.

Concernant la désensibilisation, les auteurs soulignent que les études manquent sérieusement chez le chat et ne permettent donc pas de conclure à son efficacité, même si cette approche pourrait constituer une voie d’avenir.

L’utilisation de l’oclacitinib, hors AMM, peut être envisagée. La demie-vie de ce médicament est plus courte chez le chat que chez le chien, ce qui impose une administration bi-quotidienne. Les doses nécessaires sont également plus élevées que chez le chien, jusqu’à 1 mg/kg matin et soir. A ces doses, environ la moitié des chats présentent une réponse satisfaisante. Les études étant limitées, les effets secondaires, notamment lors d’utilisation à long terme, ne sont pas connus.

Une petite étude sur 12 chats a documenté l’intérêt du maropitant, un antiémétique, à la dose de 2 mg/kg, seul ou en association avec d’autres médicaments, comme la ciclosporine. Cela peut être envisagé dans les cas réfractaires aux autres traitements ou chez les chats présentant des comorbidités : rétrovirus, diabète sucré, tumeur.

Les données concernant l’intérêt des acides gras essentiels ou du palmitoyléthanolamide manquent. Ils ne semblent pas efficaces seuls mais pourraient permettre de réduire la dose des autres médicaments, corticoïdes notamment.

Les antihistaminiques semblent, également, peu efficaces seuls. Ils sont principalement à considérer dans les cas modérés, débutants ou de façon proactive pour prévenir une poussée. Les auteurs conseillent, en première intention, la chlorphéniramine à la dose de 2 mg/kg matin et soir, soit des doses nettement plus élevées que celles recommandées par le RCP des formes vétérinaires disponibles en France. La cétirizine, à la dose de 1 mg/kg/j, est également envisageable.

En conclusion, l’intérêt d’une prise en charge multimodale et individualisée est soulignée. Il est nécessaire que des études soient réalisées à plus large échelle pour étayer les recommandations de traitement. Le « syndrome félin de la peau atopique » constitue un groupe encore mal définie, impliquant probablement plusieurs mécanismes pathogéniques, ce qui peut expliquer la variabilité des réponses aux traitements.

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