Ophtalmologie : Quel est votre diagnostic ?

Dr Pauline VACHERAND-DENAND (Clinique des Aravis, 74 Thônes), Dr Pierre-François ISARD (CHV Saint-Martin), Dr Thomas DULAURENT (CHV Saint-Martin)

Everest , Border collie mâle âgé de 4ans, a été présenté en consultation référée d’ophtalmologie pour une déficience visuelle fonctionnelle apparue depuis le plus jeune âge .

L’examen général étant réputé normal, un examen clinique ophtalmologique a été effectué et a révélé :

  • Les différents réflexes testés étaient normaux ; toutefois, les réflexes pupillaires directs et indirects ont été jugés un peu lents, bien que complets et reproductibles
  • Les réponses visuelles (menace, boule de coton, éclair lumineux) étaient normales.
  • L’examen des globes et des annexes n’a pas révélé d’anomalies et les milieux transparents étaient normaux ; la pression intra oculaire a été mesurée à 16 mmHg des deux côtés (tonométrie à rebond) , le test de Schirmer , les test de surface oculaire, le Break up Time et l’aspect du ménisque lacrymal en caméra SBM étaient dans les limites des valeurs de référence.

Une rétinographie et une échographie ont été pratiquées, ainsi qu’un électrorétinogramme (ERG).

ERG photopique (réponse des cônes et des cellules associées)

QUESTIONS

1. Quelles sont les lésions remarquables en rétinographie et échographie ?

2. Y a-t-il une répercussion sur l’électrogénèse rétinienne, étudiée par l’ERG ?

3. Quelle est l’origine des lésions observées?

4. Un traitement est-il envisageable et quel est le pronostic visuel fonctionnel ?

RÉPONSES
1. Quelles sont les lésions remarquables en rétinographie et échographie ?

L’examen des rétines montre une anomalie sévère de la tête du nerf optique. Les papilles sont de taille élevée et leur vascularisation est très anormale, les vaisseaux (veines et artères rétiniennes) donnant l’impression de plonger au fond d’une excavation. La cupule papillaire est très profonde, au point qu’on ne peut mettre au point sur l’ensemble, et les surfaces rétiniennes en périphérie ont une pigmentation inhabituelle. L’examen échographique confirme la profondeur de la cupule optique (>5mm) alors que cette dépression est très faible pour des yeux normaux. La disposition et la distribution des vaisseaux choroïdiens est également tout à fait anormale autour de la papille optique. L’atteinte de l’œil droit est nettement plus sévère que celle de l’œil gauche.

2. Y a-t-il une répercussion sur l’électrogénèse rétinienne, étudiée par l’ERG ?

L’électrogénèse rétinienne est dans les limites des valeurs de référence, des deux côtés et dans toutes les stimulations. Les réponses sont un peu hypovoltées, ce qui traduit la réponse d’un nombre de cellules photoréceptrices diminué. Par ailleurs, le temps de culmination des réponses est normal ce qui exclue une souffrance cellulaire rétinienne.

Sur les courbes présentées, notez la différence d’amplitude gauche et droite des ondes a et b de l’ERG traduisant une perte cellulaire plus importante à droite qu’à gauche.

3. Quelle est l’origine des lésions observées ?

Il s’agir de colobomes de la tête du nerf optique, d’une sévérité différente entre les deux yeux.

Cette affection est congénitale ; toutefois, une prédisposition génétique ne peut être exclue dans cette race et serait apparentée avec un stade d’hypoplasie choroïdienne (anomalie de l’œil de colley grade 2) Le colobome du nerf optique résulte d’une ectasie sclérale au niveau de la lame criblée ; c’est une anomalie de fermeture de la fissure optique, qui se fait au 15eme jour de la gestation.

4. Un traitement est-il envisageable et quel est le pronostic visuel fonctionnel ?

Il n’existe pas de traitement spécifique de cette affection dysplasique ; toutefois, les cellules rétiniennes sont directement impactées et l’apport d’un soutien métabolique anti radicaux libre peut s’avérer intéressant.

Le pronostic fonctionnel n’est pas péjoré en l’absence de complications qui peuvent être hémorragiques par fragilisation vasculaire, ou rhegmatogènes, par déchirure rétinienne et décollement secondaire.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Genetic analysis of optic nerve head coloboma in the Nova Scotia Duck Tolling Retriever identifies discordance with the NHEJ1 intronic deletion (collie eye anomaly mutation).Brown EA, Thomasy SM, Murphy CJ, Bannasch DL.Vet Ophthalmol. 2018 Mar;21(2):144-150.

Collie eye anomaly in a mixed-breed dog.Rampazzo A, D’Angelo A, Capucchio MT, Sereno S, Peruccio C. Vet Ophthalmol. 2005 Sep-Oct;8(5):357-60.

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