Médecine Interne : Quel est votre diagnostic ?

Dr Charlotte HAMMAN, Dr Anne-Charlotte BARROT (CHV Saint-Martin)

Un chien Leonberg mâle castré de 7 ans est présenté pour une intolérance à leffort depuis 1 an associé à un halètement constant, présent même au repos. Une absence de toux est rapportée par les propriétaires.

Il s’agit d’un chien correctement vacciné et traité régulièrement contre les parasites externes et internes. Une discrète hyporexie est rapporté depuis 1 semaine. Il ne présente aucun antécédent médical ou chirurgical.

 

À notre examen clinique, une perte de 4kg soit 7% du poids vif est remarquée pour un indice de condition corporelle de 4/9. L’auscultation cardio-respiratoire se révèle par ailleurs normale.

QUESTIONS / RÉPONSES
1 .Quelles sont vos hypothèses pouvant expliquer l’intolérance à l’effort, quels examens envisager en première intention ?

RÉPONSE

Les hypothèses pouvant expliquer une intolérance à l’effort sont :

  • une atteinte pulmonaire : bronchopneumopathie, oedème pulmonaire…
  • une atteinte cardiaque : cardiomyopathie dilaté…
  • une atteinte métabolique : hypothyroïdie, hypocorticisme…

L’examen complémentaire de choix pour investiguer ces hypothèses est la radiographie thoracique. Cependant, du fait du grand format de notre animal, celles-ci auraient été difficilement réalisables et l’utilisation d’un scanner thoracique a été privilégié.
Une échocardiographie a cependant été réalisée avant le scanner pour exclure (ou non) une éventuelle hypothèse cardiaque.

L’échocardiographie réalisée a mis en évidence une maladie d’Ebstein associée à une hypertension pulmonaire.

2 . Quelles sont les grandes causes d’hypertension pulmonaire ? Qu’est-ce qu’une maladie d’Ebstein ?

RÉPONSE

Plusieurs catégories d’hypothèses peuvent être à l’origine d’une hypertension artérielle pulmonaire :

  • Hypertension artérielle pulmonaire secondaire à une atteinte pulmonaire : atteinte du parenchyme (pneumonie interstitielle, bronchopneumonie éosinophilique…)
  • Hypertension artérielle pulmonaire secondaire à une thromboembolie
  • Hypertension artérielle pulmonaire secondaire à une atteinte parasitaire (dirofilariose, angiostrongylose)
  • Hypertension artérielle pulmonaire idiopathique (rapporté chez l’homme)
  • Hypertension artérielle pulmonaire consécutive à plusieurs des mécanismes décrits ci-dessus 

            Dans le cas de notre chien, l’échocardiographie a permis de mettre en évidence une anomalie de conformation du coeur (maladie d’Ebstein). Celle-ci est une forme particulière de dysplasie tricuspidienne caractérisée par un déplacement apical des feuillets de la valve tricuspidienne, à l’origine de l’hypertension pulmonaire. Il s’agit d’une anomalie cardiaque congénitale rare décrites chez les races de taille médium à géante (une prédisposition existe notamment chez le Labrador). Un souffle cardiaque n’est pas toujours audible et est présent chez seulement 47% des chiens.

Cette anomalie se traduit cliniquement surtout par une intolérance à l’effort, mais l’animal peut également présenter une ascite, un amaigrissement ou encore des syncopes.

Une survie de plusieurs années est possible et l’évolution vers l’insuffisance cardiaque droite n’est pas constante.

3 . Quelle est la prise en charge de la maladie d’Ebstein?

RÉPONSE

Une fois le diagnostic d’anomalie d’Ebstein posé, un électrocardiogramme est conseillé car des troubles du rythme associés (fibrillation atriale, extra-systoles supraventriculaires…) sont décrits dans la littérature. Dans notre cas, celui-ci s’est révélé sans anomalie.

 

Concernant le traitement de l’hypertension pulmonaire, il n’y a pas de consensus établi à l’heure actuelle. Il a été choisi ici d’instaurer une trithérapie : bénazépril (afin de diminuer la surcharge du coeur droit), spironolactone (comme diurétique) et sildénafil (afin de limiter l’hypertension artérielle pulmonaire). Il n’y a pas de traitement à proprement parlé de la maladie d’Ebstein.

 

Lors du suivi 15 jours après l’instauration du traitement, une amélioration nette de l’intolérance à l’effort est rapportée au domicile et le chien présente un examen clinique sans anomalie.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
  • Chetboul V, Poissonier C et al. Epidemiological, clinical and echocardiography features, and outcome of dogs with Ebstein’s anomaly: 32 cases (2002-2016). Journal of Veterinary Cardiology.  11-21 (2020).
  • Damoiseaux Cécile. Les dysplasies des valves atrioventriculaires/La maladie d’Ebstein. Vetoalp 2021. 23-25.
  • Navarro-Cubas X, Palermo V et al. Tricuspid valve dysplasia: a retrospective study of clinical features and outcome in dogs in the UK. Open Veterinary Journal. 349-359 (2017)
  • Ran Choi, Seung-Keun Lee et al,. Ebsteins anomaly with an atrial septal defect in a jindo dog. Canadian Veterinary Journal. 405-410 (2009).
  • Reinero C, Visser L et al. ACVIM consensus statement guidelines for the diagnosis, classification, treatment, and monitoring of pulmonary hypertension in dogs. Journal of Veterinary Internal Medicine. 549-573 (2020).
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