Un intertrigo correspond à une inflammation d’un pli cutané. Cette affection est décrite plus particulièrement chez les races prédisposées anatomiquement (Bouledogue Français, Shar Peï, Cocker, Carlin, Bulldog, Persan etc) mais également chez les individus obèses.

On distingue selon leur localisation, les intertrigos labial, facial, vulvaire et caudal. Chez les animaux obèses, d’autres plis peuvent apparaitre (plis des aisselles, plis mammaires).

Les plis cutanés sont des zones de friction, chaudes et humides par nature, souvent situées à proximité des zones de production de larmes, salive, urines et selles, ce qui concourt d’autant plus au maintien d’une humidité excessive et à une souillure du pli.

On observe, fréquemment, au sein des plis un érythème, voire un exsudat muco-purulent, nauséabond. Dans les cas sévères, des érosions et des ulcères apparaissent. Avec la chronicité, une lichénification, une hyperpigmentation et une dépilation se développent.

L’intertrigo est une pseudo-pyodermite, c’est à dire qu’il n’est pas primitivement infectieux. Il n’existe que très peu de données bibliographiques sur les intertrigos des chiens et des chats. Les prises en charge thérapeutiques décrites ici sont empiriques.

Même si le phénomène est initialement stérile, les complications infectieuses (fongiques ou bactériennes) sont fréquentes et doivent toujours être recherchées et traitées par voie topique et/ou systémique. Lorsqu’il est réalisable, le traitement local doit être systématique et repose sur l’application d’un agent antiseptique voire antibiotique. Lors d’atteinte sévère ou lorsque le traitement topique est insuffisant, une antibiothérapie systémique peut être envisagée. Dans le cas présent, la mise en évidence de bacilles à l’examen cytologique a conduit à réaliser une culture bactérienne et un antibiogramme. De la marbofloxacine a été prescrite ici, rappelons qu’il est nécessaire de l’utiliser à la posologie de 5mg/kg PO SID en présence de Pseudomonas. La durée du traitement est de 3 à 4 semaines le plus souvent et l’antibiotique doit être poursuivi une semaine après la guérison clinique et cytologie. L’amélioration a été rapide ici et l’antibiotique rapidement arrêté en raison d’une intolérance digestive.

L’origine de l’intertrigo étant anatomique et mécanique, le maintien de soins locaux réguliers est indispensable sur le long terme pour éviter les récidives. Le nettoyage du pli doit donc être poursuivi régulièrement, 2 à 3 fois par semaine par exemple. L’utilisation de pads (cotons imbibés) est particulièrement intéressante dans cette indication. Sur le long terme, l’application d’un agent antiseptique n’est pas justifiée, les topiques hydratants et restructurants doivent être privilégiés.  En complément, l’utilisation d’un baume protecteur et à propriétés antimicrobiennes permet également de limiter les frottements et les surinfections. Les causes d’humidité excessive au niveau du pli sont à rechercher et à traiter si possible.

La gestion médicale de l’intertrigo peut s’avérer complexe voire impossible pour certains animaux ne supportant pas les soins locaux. La cause étant anatomique  (excès de peau) la prise en charge chirurgicale permet une guérison définitive¹. Cependant, la correction chirurgicale est délicate et les propriétaires ayant spécifiquement choisi le morphotype de leur animal peuvent se montrer réfractaires à cette option.